Sunday, November 11, 2007

C'est le point de vue de BENCHENOUF

Pourquoi ce silence assourdissant de la presse privée?

On se serait attendu, après l'arrestation de Samraoui en Espagne, à ce que toute la presse algérienne fasse chorus sur le sujet. C'était là, en effet, une occasion en or de broder sur "le colonel félon" que la justice espagnole a arrêté, "en attendant de l'extrader vers l'Algérie", de ciseler, comme l'a fait un éditorialiste, un cadre hautement moral pour « cet événement majeur » qui annonce le "retour du droit".

On se serait attendu, comme d'habitude, à de grosses manchettes, à des Unes, à des photos sur toute la page, à des éditoriaux triomphalistes, à de longues rétrospectives sur le parcours de "l'officier félon", sur sa "haute trahison".

Or, bizarrement, hormis quelques plumes, qui se voulaient au vitriol, mais sans grande conviction, comme pour expédier une corvée, la majorité des titres de la presse privée algérienne, la plus lue dans le pays, a totalement ignoré l'évènement. Pas une ligne, pas un mot! A l'unanimité.

Or un tel évènement ne peut pas être ignoré! Il n'est absolûment pas normal qu'un évenement de cette importance puisse être passé sous silence. Par presque toute la presse. Tant parce que la personnalité de Mohamed Samraoui est très connue des Algériens, qu'elle a suscité une énorme empathie au sein de la population après son passage à El Djazira, il y a quelques années, que par la gravité de l'évènement qui vient de se produire. A savoir son arrestation par la justice espagnole, suite à un mandat d'arrêt émis par l'état algérien. Cette arrestation est d'autant plus extraordinaire, plus excessive, que les accords d'extradition entre les deux pays ont été conclus, semble-t-il de façon très expéditive. Pour liquider un lot de 70 islamistes algériens présumés que l'Espagne voulait renvoyer en Algérie, en 2006. Ces accords qui ont été conclu pour un cadre restreint de la coopération judiciaire et de lutte commune contre la criminalité et le terrorisme auraient servi de base pour l’interpellation de notre compatriote Samraoui. Comme si ce dernier était un criminel ou un terroriste. Ou les deux à la fois, si l’on se réfère aux motifs contenus dans le mandat d’arrêt international lancé par l’état algérien. Tout cela et d’autres détails, très troublants, comme l’excès de zèle qu’INTERPOL a déployé pour relayer la demande algérienne. Habituellement les demandes d’extradition, même pour des affaires de droit commun, comme pour l’affaire Khalifa, se révèlent particulièrement ardues. Presque impossibles à conclure. Comment dans cette affaire purement politique, où le concerné est un réfugié politique reconnu, placé sous la protection d’un état souverain, et dont le seul crime est d’avoir dénoncé le DRS comme le principal instigateur de la violence qui a ensanglanté le pays, peut-il, avec cette facilité déconcertante, être arrêté et jeté en prison comme un vulgaire malfrat, sans autre explication. Et surtout sans que la presse algérienne ne s’en fasse l’écho.
C’est cette carence collective, ce ratage organisé, de toute la presse qui pose question. Les patrons de presse ont-ils reçu des consignes pour ne pas traiter de cette affaire ? Ont-ils convenu entre eux d’ignorer le sujet ?
S’il s’agit de la première hypothèse, qui a donné l’ordre de black-out ? On peut penser raisonnablement que ce serait les canaux du DRS qui gèrent habituellement la presse. Car contrairement à ce qui pourrait paraître, l’arrestation de Samraoui est loin d’être une victoire pour le régime. C’est même une publicité désastreuse pour les chefs du DRS. C’est aussi le risque que ce malencontreux excès de zèle des amis espagnols ne réveille les velléités d’enquêtes sur les crimes contre l’humanité commis par les « forces de sécurité ». A moins que ce cadeau tombé du ciel, sur la tête du DRS et des généraux janvieristes, et dont ils se seraient passés, ne soit un autre coup tordu, concocté par des milieux qui veulent agiter le cocotier, mine de rien et comme si de rien n'était.
L’autre hypothèse du silence de la presse sur cette affaire serait donc un accord conclu entre les patrons de presse de ne pas traiter de l’affaire. Si c’est le cas, pourquoi ? Est-ce par honnêteté intellectuelle, parce qu’ils savent que l’affaire est très délicate et qu’ils ne peuvent pas la traiter dans le fond, ni la commenter honnêtement et le plus objectivement possible ? Ce serait, dans ce cas de figure une confirmation que la presse privée tente de se débarrasser du caporalisme et du contrôle qui sont exercés sur elle. Une manière de dire, « je ne vous mets pas en cause, je ne dis rien du rôle que vous jouez, de vos méthodes, mais vous ne m’obligerez plus à aboyer contre vos adversaires ! » Cela serait un pas notable, dans la tentative acharnée, quoique silencieuse, de la presse privée de se libérer du joug du DRS. En attendant de pouvoir le critiquer; Comme n'importe quelle autre structure de l'état ou de la société. Si tant est qu'il existera encore après la libération du pays.
De toutes façons, dans un cas comme de l’autre, ce silence de la presse dans cette affaire Samraoui est à marquer d’une pierre blanche. C’est un évènement ! On n'aura pas eu la couverture honnête que l'évènement méritait, mais on nous aura fait la délicatesse de nous épargner les ordures habituelles. C'est un grand pas!
C’est aussi le signe qu’un profond malaise pèse sur les cercles vitaux du pouvoir. Que des changements s’opèrent et que le maître du jeu ne maîtrise plus la situation.

D.Benchenouf in:

http://esperal2003.blogspot.com/


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3 Comments:

At 2:35 AM, Blogger Unknown said...

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