Lettre ouverte à monsieur le Président de la République - Djamaledine Benchenouf, journaliste.
http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/benchenouf_lettre.htm
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Les invraisemblables persécutions de la famille d’un journaliste ayant eu le tort de dénoncer la corruption.
Djamaledine Benchenouf, journaliste, 3 juin 2006
Monsieur le Président,
Lorsque, à l’occasion de la journée de la presse, en mai 2006, vous avez fait gracier deux cents journalistes, dont je suis, qui avaient été condamnés à des peines de prison pour délit de presse, l’opinion publique a pu croire qu’un changement venait de se produire dans les « liaisons dangereuses », souvent équivoques par ailleurs, qu’entretiennent les journalistes de la presse privée avec le régime.
En fait, et comme cela a toujours été le cas dans la vie de l’Algérie indépendante, les mesures de ce genre restent destinées à entretenir l’image, ô combien trompeuse, d’un système politique qui n’est absolument pas un État de droit. Les forces occultes, dont la seule loi est celle de leurs sordides intérêts, souvent divergents voire antagonistes, continuent de prendre le contre-pied de ces mesures d’« apaisement », en toute impunité et sans se soucier de préserver un tant soi peu les apparences.
Au moment où votre mesure de grâce venait d’effacer une peine de trois mois de prison, qui était, de toute façon, injuste et injustifiée, mon fils Mustapha, âgé de vingt-quatre ans, marié et père d’un enfant, était condamné par défaut à une peine de vingt ans de prison, pour le seul tort d’être le fils d’un journaliste dont le crime est de dénoncer un régime haïssable.
Vingt ans de prison pour 50 euros !
Mon fils Mustapha a donc été condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Tébessa. Il était accusé d’avoir été impliqué dans le vol de quatre têtes de paraboles, d’une valeur de 5 000 dinars (50 euros environ). Fort heureusement, Mustapha, qui savait qu’il était pris comme victime expiatoire à chaque fois que je gênais le régime, d’une quelconque façon que ce soit, et qui avait appris que mes activités d’opposition au régime n’allaient pas tarder à lui valoir des ennuis, avait quitté in extremis le pays.
Je savais, pour les avoir souvent éprouvés, que les personnes qui ont instrumenté la Justice contre mon fils, des milieux sécuritaires et d’affaires de Tébessa, liés à des barons du régime, étaient capables de tout. Mais j’étais loin de me douter qu’ils pouvaient laisser libre cours à leur rancœur au point de se démasquer d’une façon aussi burlesque : condamner un jeune homme à vingt ans de prison pour un prétendu vol de têtes de paraboles, qui a eu lieu en 2001 !
Les personnes qui m’ont appelé d’Algérie pour m’apprendre la nouvelle m’ont affirmé que la décision de sévir contre moi, à travers mon enfant, puisque j’étais moi-même hors d’atteinte, avait été prise depuis quelque temps déjà. Elle avait été précipitée après mon passage, le 03 mai 2006, à la chaîne française I-Télé, dans une émission où j’avais parlé des massacres perpétrés contre les populations civiles par les généraux algériens et de l’affaire du journaliste Benchicou, qui croupit depuis deux années dans les prisons du régime pour s’être attaqué au chef de l’État et au ministre de l’Intérieur.
Mes activités, pour contribuer à attirer l’attention de l’opinion publique européenne sur la vraie nature du régime, notamment par des interventions dans des conférences ou par des contributions dans des sites Web, particulièrement celui d’Algeria-Watch, m’avaient déjà valu des avertissements déguisés, par l’intermédiaire de parents ou d’amis « bien intentionnés » qui m’appelaient à « plus de retenue ».
Mais il semble que la décision de me « punir » a finalement été prise. Très probablement par un responsable sécuritaire local, qui n’a pas mesuré que son excès de zèle pouvait desservir l’image d’un régime qui déploie des trésors d’imagination pour se faire passer pour un état de droit.
La Justice, quant à elle, comme à son habitude en Algérie et comme vous l’avez vous-même reconnu, se contente d’obéir au doigt et à l’œil et à faire ce que ses maîtres attendent d’elle. De façon grossière, sans même prendre la précaution de donner à ses accusations et aux condamnations qu’elle inflige aux innocents, un minimum de vraisemblance et un tant soit peu de conformité aux lois dont elle se sert.
La corruption à Tébessa
Voici les faits. Ils sont vérifiables dans leurs moindres détails, sauf falsification ou destruction de documents…
J’avais entrepris, lorsque j’étais en poste à Tébessa à partir de 1996, comme correspondant du quotidien Liberté, une série de reportages et d’enquêtes, où je dénonçais les trafics innombrables qui avaient lieu dans cette région. Des affaires de corruption et de grosse contrebande. Des immenses fortunes s’étaient érigées dans cette région frontalière très pauvre. Des contrebandiers de grande envergure, associés à des milieux sécuritaires, tout particulièrement à des officiers de la Gendarmerie Garde Frontières (GFF) et de la Sécurité militaire (DRS), avaient mis à profit les années de violence de la décennie 90 pour amasser des milliards de dollars . Pendant que le reste de l’Algérie brûlait et baignait dans le sang, cette région était devenue une base arrière pour les islamistes armés qui venaient y prendre du repos et pour une faune de « businessmen » d’un genre nouveau, une plaque tournante de l’importation informelle de biens de consommation via la Tunisie. De petits contrebandiers de pâtes alimentaires allaient se transformer, en l’espace de quelques années, en richissimes hommes d’affaires. Ils allaient pouvoir s’inviter à la table des grands, s’associer à des décideurs au sommet de l’État, peser sur les équilibres politiques de la région, s’adjoindre les autorités locales et les services de sécurité, et aller jusqu’à faire élire leurs députés et leurs sénateurs.
Pour moi qui étais donc arrivé en 1996, les sujets d’articles se dévoilaient au fur et à mesure que je m’intégrais à la population. Les langues se déliaient peu à peu et mes articles s’étoffaient chaque jour davantage. Malgré la gravité des faits que je rapportais, je n’ai jamais été attaqué, à Tébessa, dans un seul procès en diffamation. J’avais pourtant révélé, entre autres scandales, l’existence d’un réseau d’importation frauduleux qui faisait transiter par la Tunisie et introduire en Algérie, par des passages contrôlés par la GGF, des milliards de dollars de marchandises en tout genre.
Mais les menaces, directes ou non, pleuvaient. À la suite de dizaines d’appels téléphoniques anonymes me menaçant de mort, ou distillant des versets coraniques pour faire croire à des menaces islamistes, ma ligne téléphonique a été placée sous écoute, sur demande du Directeur de la Sûreté Nationale lui-même et sur instruction du procureur de la République. Ce dernier, aujourd’hui décédé et qui était le magistrat le plus corrompu que j’ai jamais rencontré, se distinguera particulièrement dans les harcèlements contre ma famille.
À cette époque, il existait, dans le journal Liberté qui m’employait, une rubrique intitulée « Radar », dont les articles très brefs n’étaient pas signés, et qui était la plus lue de la presse francophone en Algérie. Elle s’était spécialisée dans la révélation de scandales. J’en ai été le principal pourvoyeur pendant plusieurs années. Je l’ai alimentée par des centaines de brèves qui firent découvrir aux lecteurs du reste du pays, l’incroyable activité criminelle qui avait lieu dans toute la région de Tébessa. Celle-ci, excentrée, située à l’extrême Est du pays, n’était connue des autres Algériens que parce que certains de ses natifs avaient occupé des postes importants dans le pouvoir. Le fameux « triangle BTS » (Batna-Tébessa-Souk Ahras), par ailleurs usurpé à plus d’un titre. Les Algériens, accablés par la violence inouïe de la « décennie rouge », étaient loin de se douter que Tébessa était devenue l’eldorado de l’affairisme et de la corruption.
L’éclairage que je donnais sur la région touchait de nombreux trafics. Celui des véhicules de luxe volés en Europe, celui des faux papiers, du kif, de l’exportation du cheptel ovin vers la Tunisie, de l’importation frauduleuse de ce pays de produits alimentaires qui inondaient le marché algérien, de l’importation via ce pays de grandes quantités de produits de tous genres en provenance de pays asiatiques et qui étaient introduits en Algérie par des voies frauduleuses. J’évoquais également et de façon récurrente la complicité voire l’implication des autorités locales et des services de sécurité. Pour des raisons d’autocensure que s’imposait mon journal, mes articles, lorsqu’ils n’étaient pas refusés, devaient être rédigés de façon sibylline, lorsqu’ils évoquaient ces commis indélicats, tout particulièrement de la GGF et de la SM. Mais je réussissais néanmoins à faire passer de nombreux autres où je faisais état, sans détour, des faits qui concernaient ce qu’il convenait de désigner sous les vocables de mafia des marchés publics, du ciment, du foncier, des faux papiers, etc.
L’acharnement contre mon fils Mustapha
Au début de l’année 1999, j’eus la surprise de découvrir que mon fils Mustapha, qui avait dix-huit ans, avait été impliqué dans une affaire de vol. Un vol par effraction dans le quartier des 600 logements et dans lequel étaient impliqués plusieurs jeunes du quartier. J’étais abasourdi. Malgré ses dénégations, je ne me doutais pas encore que c’était un coup monté contre lui. La surprise allait venir du chef de Sûreté lui-même (le premier responsable de la police au niveau du département). Ce monsieur, un homme droit, n’allait pas tarder à être muté ailleurs. Il avait découvert le pot aux roses. Mon fils a été lavé de tout soupçon et les vrais auteurs du vol ont été confondus. Le chef de Sûreté me fit dire, par un tiers, de faire très attention à moi et à ma famille et que j’avais dérangé des intérêts dont je ne me doutais pas de l’ampleur.
Plus tard, toujours en 1999, à la suite de deux enquêtes et de plusieurs brèves dans « Radar » sur la corruption dans les milieux de la Justice, comme des magistrats avaient été enregistrés sur cassette audio à leur insu, il se produisit un tel scandale que le ministère de la Justice n’eut d’autre choix que de diligenter une commission d’enquête, puis un enquêteur extraordinaire. Ce qui fut découvert était d’une telle gravité et impliquait tellement de responsables et de magistrats qu’il fut décidé de sacrifier des boucs émissaires pour étouffer l’affaire. Cela se solda par des sanctions particulièrement sévères contre plusieurs magistrats, dont certains, comme le Procureur général et le Président de la Cour, n’ont été limogés que parce qu’ils n’avaient pas su couvrir et éviter le scandale. Le pilier du réseau de la corruption, aujourd’hui décédé, le procureur Aboud, n’avait pas été inquiété de la plus petite façon, parce qu’il était un collaborateur zélé de la Sécurité militaire. Il m’« invita » à son bureau et me fit comprendre clairement qu’il fallait que je cesse d’importuner les gens qui « travaillent ». Il me laissait le choix entre être l’ami qui pouvait demander ce qu’il voulait ou l’ennemi qui ne tarderait pas à être réduit.
Deux jours plus tard, je signais un article sur la corruption dans la région. Cet article, dont le titre était « El Guass, el guass » (pot-de-vin dans le jargon des initiés) et qui s’étalait sur une page entière, décrivait dans le détail la pratique de la corruption dans la wilaya de Tébessa. J’y ai explicité les méthodes utilisées pour faire le courtage et le rabattage de la corruption, j’ai cité avec un luxe de détails les biens des magistrats, jusqu’à la valeur des bijoux de leurs épouses.
Le commissaire d’arrondissement du quartier où j’habitais, Hamid Messaoudi, avait reçu la mission de me surveiller de très près. Quelques jours seulement après la parution de l’article, un vol de têtes de paraboles, d’une valeur totale d’environ 50 euros, fut commis dans la nuit du 29 octobre 2001, sur la terrasse d’une maison du quartier. Un jeune adolescent, connu dans tout le quartier comme étant un garçon mentalement fragile, fut interpellé par la police ; il a été passé à tabac et forcé de reconnaître qu’il était l’un des auteurs du vol et qu’il était accompagné par mon fils ainsi que par quatre autres jeunes du quartier. Ces derniers avaient été impliqués pour noyer le poisson. Pour que je ne puisse pas dire que, dans cette affaire, on n’en voulait qu’à mon fils.
Mais fort heureusement, mon fils Mustapha avait un alibi en béton armé pour la nuit où s’était commis le vol. Il était employé comme agent de sécurité à l’EPDEMIA, une entreprise de gestion de l’eau. Il n’avait aucun antécédent judiciaire et avait satisfait à une enquête d’habilitation de la police pour pouvoir être recruté dans cette société placée sous haute vigilance. Cette nuit-là, il était de permanence et avait même noté le passage de trois rondes de la police. J’ai donc immédiatement alerté mon employeur. Celui-ci avait interpellé la DGSN (Direction Générale de la Sûreté Nationale) et d’autres autorités. Le Parquet Général fut saisi et une vérification immédiate fut effectuée. Mon fils et ses « coaccusés » furent immédiatement relâchés de la garde à vue. J’eus la faiblesse de ne pas ébruiter l’affaire après que le commissaire m’eut présenté ses excuses ainsi qu’à mon fils, et même promis qu’il allait prendre des sanctions contre ses agents « qui l’avaient induit en erreur ». L’affaire fut classée sans suite.
Mais voici qu’elle est déterrée. Cinq ans plus tard, en mai 2006, pour finir par une condamnation de vingt ans de prison. À signaler cependant que les « coaccusés » de Mustapha ont tous été relaxés, à l’exception du jeune déséquilibré et d’un autre dont j’ai appris qu’ils auraient été condamnés à trois ans de prison.
Voilà donc la genèse du crime. Elle est tellement absurde que tous ceux à qui je l’ai rapportée ont eu du mal à me croire et ont certainement pensé que je n’avais pas tout dit, ou que je travestissais la vérité, parce que personne n’aurait été aussi stupide pour se livrer ainsi à une telle et aussi flagrante cabale. C’est pourtant l’exacte vérité ! Vérifiable d’un bout à l’autre. À la condition, bien évidemment, qu’aucun document ne soit détruit ou altéré.
L’affaire Béliardouh Abdelhaï
Quelques mois plus tard, vers le milieu de l’année 2002 , alors que Mustapha était en compagnie de voisins de son âge, à proximité de mon domicile, il fut attaqué par-derrière, par un homme d’une quarantaine d’années, infirmier de son état et qui habitait le quartier. Il asséna un violent coup de marteau à mon fils, au niveau de l’oreille ; ce qui lui occasionna une perforation du tympan. Mon fils s’est évanoui sous la violence du coup. L’agresseur voulut s’acharner sur lui, mais il en fut empêché par les témoins présents. Lorsque mon fils reprit connaissance et qu’il comprit ce qui lui était arrivé, il fut de nouveau pris à partie par son agresseur qui avait toujours le marteau en main. Mustapha était en position de légitime défense, il était en danger d’être tué. Il se défendit. De nombreux témoins étaient présents sur les lieux. La police arriva sur les lieux, précédée, comme par hasard, par le commissaire Messaoudi.
L’agresseur de Mustapha fut hospitalisé, le médecin légiste lui délivra un certificat d’incapacité de travail dont on nous a dit que celle-ci était de plusieurs semaines, et il fut, contrairement à toute procédure, abondamment photographié. L’avocat de mon fils dira que certaines blessures avaient même été accentuées et maquillées avant la prise de vue. Bizarrement, le médecin légiste avait refusé d’examiner mon fils. Ayant compris ce qui se tramait, je me suis rendu au Parquet et j’ai exigé, en présence d’un avocat, une réquisition du médecin légiste. Le procureur Aboud appela le policier qui était de faction et lui remit un pli fermé, en lui demandant de le remettre au médecin légiste. Il invita mon fils à suivre le policier. Je les ai suivis à bord de mon propre véhicule. Arrivés sur les lieux, nous apprîmes que le médecin légiste avait une urgence familiale et qu’il avait quitté la ville. Son remplaçant était introuvable. J’ai tout aussitôt envoyé au ministre de la Justice une lettre par fax, où j’attirais son attention sur ce qui se passait. En l’absence de médecin légiste, Mustapha dut recourir à la consultation d’un médecin spécialiste en ORL. Celui-ci diagnostiqua une perforation du tympan et prescrit dix-huit jours d’incapacité.
Sur conseil de son avocat, Mustapha déposa plainte pour coups et blessures et demanda officiellement une contre-expertise de son certificat et celui de son agresseur. Nous eûmes la surprise, dès le lendemain, de constater que le premier certificat de l’agresseur, de plusieurs semaines d’incapacité, avait été subtilisé et remplacé par un autre de dix-huit jours. Le médecin légiste et le procureur avaient pris peur. Mais la contre-expertise du certificat de mon fils n’eut jamais lieu. Plus tard, le procureur démentira avoir été sollicité pour une quelconque réquisition et dira qu’en l’occurrence, un certificat d’incapacité délivré par tout autre médecin que le médecin légiste n’avait aucune valeur.
La juge d’instruction, Mme Boughanem Saida, qui avait été désignée pour instruire l’affaire, se trouvait au cœur du réseau de corruption des magistrats. C’est elle qui sera d’ailleurs désignée peu après pour instruire l’affaire de l’enlèvement du journaliste Beliardouh par le président de la Chambre de commerce, le milliardaire Saad Guerboussi. Une affaire qui défraiera la chronique et qui finira par la mort de mon confrère et ami. Le 20 juillet 2002, au centre ville de Tebessa, M. Guerboussi avait enlevé notre confrère après que celui-ci a fait paraître un article dans le quotidien El Watan, où il l’accusait être l’un des principaux soutiens financiers du GSPC (un groupe islamiste armé que certaines sources affirment être manipulé par le régime). Béliardouh Abdelhaï avait été enlevé en plein jour, en plein centre-ville de Tébessa, sous les yeux de dizaines de témoins qui s’étaient attroupés et de policiers en tenue et en civil qui étaient sur les lieux. Le journaliste fut roué de coups et embarqué de force à bord du propre véhicule de la Chambre de commerce, sans que quiconque n’élève la moindre protestation. Il fut retenu pendant plusieurs heures dans des locaux commerciaux du magnat. Il y fut torturé et, dit-on, sodomisé par le frère du président de la Chambre de commerce. C’est du moins ce dont se vanta ce dernier auprès de nombreux témoins.
Quelques jours plus tard, choqué et humilié, il mit fin à ses jours après avoir laissé un testament accablant. La plupart des journalistes prirent fait et cause pour leur confrère et dénoncèrent ce qui venait de se produire avec la complicité des pouvoirs publics. Le directeur de la Radio locale, M. Adel Sayada, qui avait été présent sur les lieux au moment de l’enlèvement, et qui s’était spontanément présenté pour apporter son témoignage, sera muté ailleurs puis révoqué. J’évoque cette douloureuse affaire pour que tout un chacun puisse s’imprégner de climat délétère qui régnait à Tébessa et pour montrer cette juge d’instruction sous son vrai jour. Car, bien que confondu et reconnu comme ayant enlevé, séquestré et torturé le journaliste Beliardouh, bien que celui-ci en soit mort, le président de la Chambre de commerce ne passa pas un seul jour en prison.
Cette juge d’instruction se distingua particulièrement dans l’affaire de mon fils. J’avais appris qu’elle avait reçu l’ordre de l’incarcérer. Elle commença par nier qu’il y ait eu plainte de mon fils contre son agresseur, seul son agresseur en aurait déposé une, soutenait-elle. Il n’y avait aucune trace de celle de mon fils ; en plus de cela, le certificat médical délivré par le médecin ORL n’était pas susceptible d’être pris en considération et les photos des prétendues blessures de l’agresseur, malgré l’opposition de l’avocat, furent versées au dossier.
Plusieurs témoins, dont un policier stagiaire, présents sur les lieux au moment de l’agression, s’étaient spontanément présentés pour témoigner en faveur de mon fils. La juge les reçut l’un après l’autre, les menaça de les inculper pour faux témoignage, menaça le stagiaire de le faire renvoyer de la police et finit par les dissuader de déposer. Ils s’excusèrent auprès de Mustapha et s’enfuirent littéralement. L’un d’eux, qui avait persisté et qui maintint ses dires, eut des ennuis sans fin par la suite.
L’agresseur de mon fils, qui avait saisi la portée de ce qui se passait après avoir été convaincu par un de mes amis qu’il n’était qu’un prétexte à un règlement de compte, fit volte-face et déclara à la juge d’instruction qu’il voulait retirer sa plainte. La fureur de celle-ci ne connut plus de limite. On l’entendait vociférer depuis le couloir. Elle le menaça de le jeter en prison pour avoir trompé la justice s’il s’avisait de retirer sa plainte. Il me l’avoua lui-même lorsqu’il quitta le bureau de la juge. Je le jure sur mon honneur.
Quelques instants plus tard, ce fut le tour de Mustapha de rentrer dans le bureau de la juge d’instruction. Il en sortit avec des menottes aux poignets. Elle venait de lui signifier un mandat d’arrêt. Il restera trois mois en prison. À la suite d’un billet qui avait paru dans la rubrique « Radar », on me fit savoir que si la presse s’emparait de l’affaire, Mustapha pourrirait en prison, même s’il devait être acquitté au bout du compte. En Algérie, la détention préventive, malgré des dispositions très strictes, peut durer des années pour maintenir arbitrairement certaines personnes en prison. Les arguments qui me parvenaient par le biais de personnes « bien intentionnées » m’amenèrent tout naturellement à négocier la libération de mon fils. On m’imposa une seule condition : je devais quitter la ville et aller exercer mes talents ailleurs.
Condamné pour « outrage à corps constitué »…
J’ai donc demandé à mon employeur de me muter au Bureau régional de Sétif. Le directeur de Liberté accepta. Il me confia la direction du Bureau, mais exigea que je continue à couvrir, même de loin et sous un pseudonyme, la région de Tébessa.
Mon fils fut libéré. On l’avait condamné, pour la forme, à un an de prison avec sursis. Ce qui servira plus tard à le présenter comme un « repris de justice » qui se servait de la position de son père pour faire sa loi.
Depuis Sétif, j’ai donc continué à traiter des affaires très particulières qui avaient lieu à Tébessa. Je me croyais hors d’atteinte, mais j’allais vite déchanter. La Justice et la police découvraient chaque jour une nouvelle affaire où « trempaient », non pas seulement Mustapha, mais mes deux autres garçons, Sofiane et Kheireddine. Les convocations pleuvaient pour des motifs de tout ordre. Mustapha et Sofiane étaient salariés dans une compagnie de prospection au Sahara. Leur employeur leur fit comprendre que son système de rotation ne pouvait lui permettre de les libérer aussi souvent et qu’ils devaient s’arranger pour être convoqués pendant leurs journées de récupération, puisqu’ils travaillaient en système de 28 jours non-stop, suivis de 28 jours de récupération. Mais les convocations continuaient d’arriver pendant leurs journées de travail, assorties de menaces de mandat d’amener s’ils ne se présentaient pas. Un jour, ils furent convoqués par le commissariat du 5e arrondissement de Tébessa avec mention « urgent ». Leur chantier se trouvait à plus de 1 000 kilomètres. Ils se rendirent à la convocation et s’entendirent dire qu’ils devaient re-signer un PV qui avait été corrigé pour… une faute de frappe. Mustapha finit par être licencié, sous un autre prétexte, bien sûr, et il se retrouva au chômage, avec une épouse et un enfant à charge.
Entre-temps, ma détermination restait indemne et je continuais à faire mon travail. J’y étais encouragé par mes propres enfants. J’écrivais à toutes les autorités et à mon journal pour faire cesser les pressions qu’on exerçait sur moi, mais sans résultat.
Une nuit de mai 2003, alors que j’étais chez moi, en face de la télévision, dans mon domicile de Sétif, en compagnie de mon épouse et de mon fils, un voisin que je n’avais jamais rencontré mais dont j’appris plus tard qu’il collaborait avec le DRS, heurta violemment ma porte, à minuit passée. Il m’abreuva d’injures. Je ne comprenais pas ce qui se passait et je commis la bêtise de réagir en lui retournant ses injures après l’avoir suivi jusqu’à chez lui et frappé violemment à sa porte comme il l’avait fait chez moi. J’étais tombé dans le piège. Quelques minutes après l’incident, alors qu’il faut habituellement des heures pour que la police se rende sur des lieux où elle est sollicitée, même pour des affaires de crime, celle-ci frappait à ma porte. Plus de douze policiers, armés comme pour une guerre, encerclaient l’immeuble où j’habitais. Je fus enlevé de chez moi, sans mandat d’aucune sorte, conduit manu militari au commissariat et jeté sans ménagement dans un cachot. La nuit me porta conseil et je compris que c’était un coup tordu.
Le lendemain, après l’intervention de M. Abrous, le directeur de Liberté, je fus relâché et reçu par un commissaire. Celui-ci me fit signer un document où je reconnaissais que je n’avais pas été brutalisé. Il reconnut que mon « interpellation » – il ne reconnut pas le terme d’enlèvement – s’était faite en violation des procédures légales et me promit qu’une enquête allait être diligentée et que l’officier de permanence qui était en charge de l’« intervention » allait devoir rendre compte. Quelques semaines plus tard, je fus convoqué par le procureur de Sétif, qui m’informa que je n’avais pas été enlevé de mon domicile, mais… interpellé sur la voie publique. J’étais accusé d’ivresse publique et manifeste et d’outrage à corps constitué et un témoin de grande moralité, un professeur d’université, en aurait été témoin. Ce système est souvent utilisé contre les journalistes algériens. Cela consiste à les punir en les salissant et en les faisant passer pour des voyous de bas étage. Je fus une nouvelle fois jeté en prison et cité à comparaître.
Fort heureusement pour moi, la presse se mobilisa et le bâtonnier de Sétif se proposa pour me défendre. Il assista brillamment le grand avocat qui avait été envoyé par mon journal. Le témoin à charge principal, qui devait m’accabler, déclara au juge qu’il avait prêté serment et qu’il ne pouvait pas répéter ce qu’on lui avait demandé de dire. Il me lava des accusations qui avaient été montées contre moi, jura que j’avais été sorti de mon domicile par la police et que je n’étais pas ivre. Sa déclaration contribua à démontrer que j’avais été victime d’un coup monté. Le juge était furieux par la volte-face de ce témoin, qui avait été préparé pour m’accabler. Il ne se retint pas et en arriva presque à le menacer, si ce n’était l’intervention de mes avocats. L’accusation s’effondrait. Le juge se retira. Non pas pour examiner l’affaire, mais pour prendre ses instructions. À son retour, trois heures plus tard, j’ai profité du retournement de situation pour faire de ce procès une tribune. Malgré les menaces pour « outrage » que ne cessait de me répéter le juge, j’ai dit à celui-ci tout ce que je pensais de son institution et du régime en général. Je fus tout de même condamné à deux mois de prison avec sursis, pour « outrage à corps constitué » (???). L’accusation d’ivresse publique et manifeste fut retirée. Je me suis pourvu en appel, mais cela resta lettre morte. On ne voulait plus m’offrir une telle tribune et mes droits à ce recours légal furent ignorés.
Le tournant
Quelques semaines plus tard, en janvier 2003, grâce à des trésors d’ingéniosité, je réussis à faire paraître dans mon journal une enquête sur le trafic du kif, qui m’avait demandé une vraie investigation. En toute logique, cet article n’aurait pas dû passer, puisque j’y évoquais, sans détour, l’implication des services de sécurité dans ce trafic et leur connivence avec des groupes terroristes dans cette activité criminelle et dans d’autres encore. À ma connaissance et jusque-là, aucun journal algérien n’avait été aussi loin dans des accusations aussi directes des services de sécurité et du GSPC dans le trafic du kif. Il se trouvait qu’entre autres raisons, le directeur de la rédaction qui était en poste à ce moment-là – et qui n’allait pas y faire long feu – était d’une vraie intégrité intellectuelle. Il n’y eut pas de procès en diffamation, malgré l’extrême gravité du contenu de l’article. Mais j’ai commencé tout aussitôt à recevoir des menaces au téléphone.
Une plainte en diffamation fut déposée contre moi dans une autre affaire que j’avais traitée. Celle de malversations dans la Caisse de sécurité sociale de Sétif, où étaient impliqués des responsables de la Caisse et des responsables syndicaux. J’ai aussitôt fourni un dossier accablant qui justifiait l’ensemble du contenu des articles. Le directeur de la Caisse a d’ailleurs été limogé.
Mais un événement allait bouleverser ma vie. En septembre 2003, un proche parent qui habite Alger vint me rendre visite à Sétif. Il était dans tous ses états. Il m’apprit qu’un de ses amis, officier au DRS mais qui avait néanmoins une conscience – si tant est que cette contradiction peut exister –, l’avait averti qu’il avait été décidé de me liquider et que le « contrat » allait être confié à des voyous de Sétif. En plus de me faire disparaître, le scénario consistait à salir ma réputation. Je n’eus pas d’autre détail et j’ai décidé à ce moment, la cinquantaine entamée, de quitter mon pays, ma famille, mes amis, mes habitudes et de m’exiler pour échapper à la fin qu’on me réservait.
Les représailles continuent
Arrivé en France en décembre 2003, grâce notamment à la Maison des journalistes et au CAPE (Centre d’Accueil de la Presse Étrangère), je pus entrer de plain-pied dans le monde du journalisme et de la politique. Je me suis lancé à corps perdu dans l’opposition au régime algérien. Le site Web d’Algeria-Watch, qui n’est pas pour plaire aux généraux algériens de par la qualité des contributions qui y sont admises, des témoignages accablants qui y sont réunis et du sérieux qui y est érigé en règle de sélection, m’y a ouvert ses colonnes. J’ai déployé une activité remarquée à Paris contre le régime algérien, me rendant aux conférences, aux meetings, aux marches de protestations, signant des pétitions, participant à des émissions de radio et de télévision.
Un confrère du journal Liberté m’appela au téléphone pour m’apprendre que j’avais été condamné par défaut à trois mois de prison à la suite de la plainte en diffamation qui avait été déposée par la Sécurité sociale. La condamnation avait été prononcée par la Cour d’appel alors que je n’avais jamais été convoqué à un quelconque tribunal de première instance. Comme je l’ai dit, je serai gracié plus tard de cette condamnation par le président de la République, en même temps que deux cents de mes confrères.
Mais pour mes enfants, les représailles continuaient. J’avais réussi à faire venir ma femme et mes deux enfants mineurs dans le cadre du regroupement familial. Mustapha, qui avait le plus souffert du harcèlement, est arrivé récemment en France, en même temps que ma fille aînée.
Il y a quelques mois, le 23 septembre 2005, mon fils Sofiane, à son retour du Sahara en congé de récupération, était à bord d’un taxi collectif en compagnie de trois de ses collègues. Ils furent arrêtés par un barrage de police et invités à descendre. Les policiers fouillèrent le véhicule et découvrirent un morceau de 4 grammes de kif sur le plancher. Tous les occupants nièrent l’avoir détenu, y compris mon fils Sofiane. Mais c’est lui et lui seul qui fut présenté au Parquet et mis en mandat de dépôt. Quelques jours plus tard, il fut condamné à un an de prison ferme. Un magistrat que je connais et que j’avais appelé au téléphone depuis Paris m’a confié que cette affaire « puait le coup monté ». Il n’avait jamais entendu parler d’une peine aussi sévère. Il n’existe pas, m’a-t-il dit, un cas où la détention, même si elle est avérée, d’une aussi petite quantité de kif, soit punie d’une peine de prison ferme aussi lourde. D’autant plus que mon fils a farouchement nié être le propriétaire de ce morceau de kif, qu’il n’y a aucune preuve qu’il lui appartient et qu’il n’a aucun antécédent judiciaire.
L’intention consistait évidemment à entacher la réputation de tous mes enfants, à les mettre dans la position de repris de justice, de voyous. Mon fils fit appel du jugement et, quelques semaines plus tard, sa peine fut commuée en prison avec sursis. Il faut observer avec quelle facilité les gens peuvent être condamnés aussi lourdement et leurs peines commuées en sursis, avec autant de désinvolture, sans que cela n’interpelle qui que ce soit.
Plus récemment, alors qu’il se trouvait dans son chantier au Sahara, mon fils Sofiane, qui ne souhaite pas quitter l’Algérie et qui évite à tout prix de se rendre à Tébessa où il sait qu’il est menacé, a appris qu’il y a été condamné à deux mois de prison ferme, ainsi que son frère Mustapha, pour « coups et blessures ». Encore une fois, par défaut. Encore une fois, dans une affaire grossièrement montée.
Ils auraient agressé, en 2001, un homme âgé de soixante ans et lui auraient occasionné une incapacité de travail de douze jours. Coups et blessures constatés par le médecin légiste. Fort heureusement, des amis journalistes de Tébessa ont mené leur propre enquête et ils m’ont fait parvenir le résultat de celle-ci.
C’est le même commissaire Hamid Messaoudi qui est à l’origine du dossier. La victime présumée, le dénommé Salah Sekiou, exerce le métier, très répandu en Algérie et inconnu en France, de chauffeur de taxi clandestin. Cela consiste à se servir de son véhicule personnel comme d’un taxi, sans licence et sans payer d’impôts. En contrepartie, le « fraudeur », comme on l’appelle là-bas, doit rendre de petits services à la police, entre autres servir d’indicateur. Ce monsieur que mes enfants auraient donc « agressé » à deux, a été sollicité par le dit commissaire pour porter plainte contre eux. Mais mes amis journalistes allaient découvrir un incroyable détail. Une preuve supplémentaire et criante que mes enfants étaient victimes d’affaires montées de toutes pièces : le certificat d’incapacité signé par le médecin légiste n’a pas été délivré à la suite de coups et blessures volontaires, car celles-ci ont été occasionnées par un accident de la circulation ; accident qui a nécessité l’hospitalisation de la victime, registre des entrées de l’hôpital faisant foi.
La persécution ordinaire des journalistes
Ces affaires, toutes grossièrement cousues de fil blanc, sont tellement invraisemblables qu’il est souvent arrivé que les gens à qui je les rapporte ne croient pas qu’elles se soient vraiment passées ainsi et que je fabule. Mais en réalité, les services de sécurité algériens sont coutumiers du fait. Pour qui connaît leur mode de fonctionnement, leurs méthodes et le peu de cas qu’ils font des vies qu’ils manipulent, ce genre de cabale est tout à fait banal. Bien souvent, dans le cas des correspondants de presse locaux, les potentats locaux et les responsables sécuritaires prennent des initiatives ahurissantes, rondement et grossièrement menées, pour punir ou refréner les ardeurs des pathétiques pigistes dont le statut et les conditions de travail sont souvent pitoyables.
Les correspondants locaux algériens sont le lumpenprolétariat de la presse. Du matériau jetable. Au point où on fait la différence en Algérie, même dans le milieu de la presse, entre « correspondant » et « journaliste », comme s’il s’agissait de deux professions distinctes. Il est souvent arrivé, lorsqu’un correspondant local se révèle peu docile, qu’il soit broyé dans l’indifférence généralisée, y compris celle du propre journal qui utilise ses services. Les méthodes les plus utilisées sont le petit pot-de-vin, l’intimidation, la pression sur la famille et les coups montés pour le salir, meilleure manière pour le contraindre à se taire et à ne pas ébruiter les pressions qui sont exercées sur lui.
L’affaire la plus spectaculaire, et qui a suscité une levée de boucliers de la presse privée, a été celle de notre confrère Beliardouh, que j’ai déjà évoquée : enlevé à Tebessa en juillet 2002, en présence de policiers, il a été séquestré et torturé au vu et au su de toute la population. Le wali (préfet) de l’époque, Larbi Merzoug, a été jusqu’à dire, devant témoins, que « le président de la Chambre de commerce aurait été plus avisé d’enlever Benchenouf ». Il me haïssait en effet, après avoir tenté vainement de m’amadouer. Cette terrible affaire a fini par la mort de notre confrère : il s’est suicidé par ingestion d’acide et il est mort après plus d’un mois d’atroces souffrances. Mais celui qui l’a tué n’a pas fait un seul jour de prison. Les services de sécurité, la justice et les autorités locales qui sont complices de ce crime n’ont jamais été inquiétés.
Personnellement, je ne me suis jamais laissé faire. Dans cette lettre, Monsieur le Président, je n’ai pas fait mention de nombreuses autres pressions exercées sur ma personne et sur les membres de ma famille, pour ne pas accabler l’opinion publique de faits bien réels mais difficiles à prouver et qui sont tellement ahurissants qu’ils ne manqueraient pas de paraître suspects. Je signalerai cependant que mon journal, comme le reste de la presse privée, ne s’est pas suffisamment impliqué dans ma protection. Comme s’il ne se sentait pas concerné par ce qui m’arrivait ou qu’il ne souhaitait pas affronter certains milieux.
Pourtant, ceux qui sont à l’origine de la persécution des journalistes algériens, depuis les ridicules potentats locaux jusqu’aux barons de ce régime exécrable, ne sont tous que de vulgaires bandits, des voleurs et des assassins. Les pires sont ces magistrats indignes qui condamnent des innocents à des peines infamantes.
Voilà comment sont traités les Algériens dans leur propre pays ! Où l’injustice règne, où les prisons regorgent d’innocents, où les criminels de masse se déplacent sous escorte.
Jusqu’à quand, Monsieur le Président, tolérerez-vous tout cela ? Jusqu’à quand, Monsieur le Président, accepterez-vous de « diriger » dans ces conditions un pays que tous ses enfants veulent quitter ?
Djamaledine Benchenouf
3 Comments:
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