Sunday, August 24, 2008

Les voici qu ils se denoncent les uns les autres ! (Suite)

Changement à la tête de Liberté : un lifting pour « vendre » les présidentielles de 2009
le 24 Aout, 2008 11:19:00

(NOTEZ BIEN LES INITIALES DE CELUI QUI SIGNE CET ARTICLE: MB !! Probablement une signature d un des bras droits d une aile du pouvoir DRS ! Aujourd hui MB est en disgrace, ceci expliquant cela)

Pour n'être que le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati ne pensait pas un jour inspirer sa manchette à un grand quotidien ni encore moins arracher ce titre conquérant à son éditorialiste « Il était temps ! » Il n'a fait, après tout, que postuler, le premier, à une compétition présidentielle que tout le monde a fini par oublier... Seulement voilà : en amour comme dans l'espace, c'est toujours le premier homme qui compte. Et même s'il n'est pas un gros lièvre, Moussa Touati reste quand même le premier lapin à être sorti du chapeau et à ce titre, il devient aux yeux de la nouvelle équipe de Liberté, qui a pour mission de crédibiliser les élections de 2009, le Gagarine des présidentielles 2009 ! Le ménestrel qui annonce la fête dans la dechra endormie, le lampiste providentiel qui ouvre le chemin au candidat du RCD ! Et puis, le journalisme ne consiste-t-il pas, selon la formule de Mark Twain, à annoncer la mort de Dupont à des lecteurs qui n'ont jamais entendu parler de Dupont ?

Et tout est dit dans l'éditorial au titre sans équivoque : « Il était temps ! » Le rédacteur, qu'on a connu plus subtil, passe précipitemment à table : « Que Moussa Touati annonce sa décision de participer à l'élection présidentielle est un frétillement dont il faut se réjouir. Qu'importe le rang qu'il occupe sur la scène politique. L'essentiel est d'y mettre de l'animation. »

De l'animation ? Voilà qui est bien nouveau pour un scrutin dont on attend surtout qu'il soit autre chose qu'une kermesse ! Et une kermesse, de surcroît, pour faire réélire Bouteflika ! Car l'éditorialiste ne se fait aucune illusion : « Evidemment, une décision du président Bouteflika de se lancer dans la course ôtera du suspense à la compétition. Même s'il s'est personnellement montré critique sur son propre bilan, cela ne diminue en rien sa carrure et le triomphe sera sûrement au bout de sa campagne. »

Vous avez bien lu !

Et surtout, tout compris...

Alors oui, en cette période olympique, l'essentiel reste, plus que jamais, de participer, et l'ombre de Coubertin surveillera le scrutin aux côtés de deux ou trois députés belges !

En journalisme, une aventure en valant une autre, souhaitons quand même bonne chance à nos collègues dans celle qu'ils ont l'audace de vouloir mener : convaincre les Algériens de participer à un scrutin qu’ils savent joué d'avance !

Bouteflika, je ne sais pas, mais Pirandello, j'en suis sûr, leur sera reconnaissant !

En jouant leur propre comédie à l’intérieur de la grande comédie du pouvoir, nos confrères redonnent vie, avec brio, à la grande innovation du dramaturge sicilien, le jeu du « théâtre dans le théâtre » c’est-à-dire celui où l'illusion théâtrale constitue le sujet même de la pièce.

Pirandello avait reçu le Prix Nobel pour cette invention qui n’avait rien d’original : donner libre cours à son imagination plutôt que de suivre des règles désuètes imposées par le réalisme. Et nos confrères, un siècle plus tard, le ressuscitaient, démontrant, au détour d'un édito, à un auditoire charmé par ces rapports complexes entre auteur, acteur et personnage, à quel point art, illusion et réalité s'entremêlent. Du pur Pirandello ! Quel bel hommage à l’homme de théâtre sicilien qui, avant de mourir, nous avait prévenus : «La vie est pleine d'absurdités qui peuvent avoir l'effronterie de ne pas paraître vraisemblables. Et savez-vous pourquoi ? Parce que ces absurdités sont vraies.»

Pirandello aurait aimé imaginer l'élection de 2009, conçue par nos amis et par Saïd Sadi : « Vous avez raison : le scrutin est organisé à la mode scélérate. La réalité vous oblige au boycott et nos ambitions à la parodie. Alors laissez-nous faire mine de vous informer de ce que vous savez déjà : nous n’avons que vous pour faire l'apologie d’un scrutin dont vous vous moquez royalement ! »

Et le public, conquis et bouleversé, sortira de ses poches les bulletins de vote pour essuyer ses larmes.

Comment s’étonner qu’aujourd’hui, l’une des pièces de Pirandello qui remporte un succès à Paris s’intitule Les grelots du fou ?

M.B.


In: http://www.lematindz.net/news/1893

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Les voici qu ils se denoncent les uns les autres !


Changement à la tête de Liberté
le 24 Aout, 2008

L'industriel Issad Rebrab, propriétaire de Liberté, vient de décider de notables changements à la tête du quotidien, changements qui seront officialisés le 28 août prochain lors d'une réunion au Sofitel.

Après avoir, au lendemain des élections présidentielles de 2004, confié la direction du journal à une équipe proche du pouvoir et connue pour ses accointances avec le DRS du général Toufik, Issad Rebrab vient de décider de l'inverse. Il a « remercié » le directeur de la rédaction Mounir Boudjemaâ, journaliste « interface » et proche du DRS, et qui était, en fait, le véritable patron, en relation avec le colonel Hadj Zoubir, ancien responsable de la presse au DRS et devenu lui, depuis 2004, conseiller à la sécurité auprès de Rebrab,

Mounir Boudjemaâ sera remplacé par un nouveau directeur général et un nouveau directeur de la rédaction.

Le nouveau directeur pourrait être Abrous Toudert, dont ce serait un brillant retour, ou le chroniqueur Mustapha Hammouche que Rebrab vient de nommer « conseiller politique » auprès de la direction.

A la tête de la rédaction, Rebrab a nommé Saïd Chekri, ancien rédacteur en chef du Matin et proche, lui, du RCD et de Saïd Sadi, dont il s'occupe du site internet.

Ces changements semblent être une « mise en branle » pour les élections de 2009, qui ne bénéficient d'aucun intérêt populaire, mais auxquelles les « candidats professionnels », parmi lesquels Saïd Sadi, attachent un grand ...intérêt.

La nouvelle équipe de Liberté, plus crédible et plus professionnelle, paraît avoir pour mission de crédibiliser les élections de 2009 et d'en faire une « compétition ouverte. » Au grand bonheur de Saïd Sadi mais aussi ....du pouvoir !

Elle vient d'ailleurs d'en donner un avant-goût dans l'édition de ce dimanche dont elle barre la « une » d'une manchette épanouie : « Présidentielle 2009 : la liste est ouverte ». Pas de panique : le journal ne parle que du « premier homme politique à exprimer publiquement son intention de prendre part aux joutes électorales d’avril 2009 » : le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati ! Le tout accompagné d'un édito au titre éloquent : « Il était temps ! »

L.M.

in: http://www.lematindz.net/news/1892

Le retour des Cassandres de la guerre civile

Abdelkader Dehbi, 20 août 2008


Au préalable, et en ma modeste qualité de simple citoyen algérien révolté, je voudrais déplorer les nouvelles violences qui viennent de faucher des dizaines d'algériens innocents - quels que soient leur condition ou statut social - - et présenter à leurs familles, mes condoléances les plus sincères, avant que de répondre à l'Editorial provocateur d'El Watan, publié ce matin 20 Août 2008, sous la signature de son Directeur M. Belhouchet
Durant la décennie noire – en gros, entre 1988 et 1998 –, beaucoup d'observateurs, nationaux ou étrangers, ont pu noter le même sinistre scénario, se déroulant régulièrement en trois étapes successives:
1/ - un attentat ou une série d'attentats ont lieu, généralement attribués au "terrorisme islamique";
2/ - des éditoriaux incendiaires appellent à la répression anti-islamiste, sont signés par les ténors de la presse dite laïque et moderniste, aux ordres des "Services" c'est-à-dire de la police militaro politique ou DRS;
3/ - une ou plusieurs tragédies comportant des dizaines, - voire des centaines de victimes civiles comme à Béni Messous, à Raïs ou Bentalha – s'ensuivent, qu'on attribue tout aussi régulièrement au terrorisme islamiste armé.

Or, l'Editorial enflammé donc, qui vient d'être publié ce matin, semble renouer avec ces funestes souvenirs….Des souvenirs qui ressemblent à s'y méprendre à la séquence que nous vivons aujourd'hui. Rien n'y manque: Y compris la présence à la tête du Gouvernement, - comme en 1997 - de M. Ouyahia, une espèce de Maître Jacques, véritable "intermittent" de la scène politique nationale, dans le rôle d'interface entre le pouvoir réel, détenu par une poignée de Généraux et nos pauvres Institutions de façade, y compris vis-à-vis de certains partis politiques "alimentaires" et godillots dont M. Ouyahia est leader de l'un d'eux: le Rassemblement National Démocratique (R.N.D)

Mais revenons à l'Editorial d'El Watan, un texte apparemment rédigé dans l'urgence et qui commence par cette phrase sentencieuse: ""L'Etat algérien est débordé par l'islamisme armé"". Vient ensuite le constat nostalgique: ""A force de vouloir rechercher coûte que coûte, un compromis politique avec les islamistes pour les faire rentrer dans les rangs, la lutte antiterroriste en a pris un coup, patine et n'a plus l'efficacité constatée du temps du président Zeroual. A l'époque, les maquis étaient pourtant bondés d'éléments armés (entre 35.000 et 50.000, selon les estimations les plus crédibles). Aujourd'hui, ils ne seraient plus que 300 à 500 terroristes. Le mode opératoire a bien changé entre-temps, avec l'apparition du label d'Al Qaïda qui lui assure une dimension internationale"".Bien entendu, le lecteur de cet Editorial de commande, aura vite fait de remarquer la contradiction qui saute aux yeux entre un Etat algérien "débordé par l'islamisme armé" et le nombre ridicule de "300 à 500 terroristes". Mais on ne va pas pinailler sur des chiffres que personne ne détient. Pas même M. Zerhouni, le super Ministre d'Etat de M. Bouteflika.

Continuons la lecture de l'Editorial qui poursuit: ""Les algériens n'ont pas l'impression que l'Etat jette toutes ses forces dans cette bataille. Cette guerre à mener contre le terrorisme n'est pas seulement d'ordre technique, relevant des seuls services de sécurité, elle doit être plus globale, politique et idéologique…….Cette violence politique est intolérable, elle est inacceptable. Elle réapparaît avec forc, dans un contexte politique très particulier, marqué par l'attentisme et l'immobilisme, sur fond d'un problématique troisième mandat du président Bouteflika. Le temps semble par conséquent venu, de donner un nouveau cap au pays, en renonçant à cette politique ambivalente avec l'islamisme.""

S'agissant de la tragédie des Issers, M. Belhouchet, au lieu de jouer la partition éculée des Cassandres de service, n'aurait-il pas mieux honoré son métier de journaliste en s'interrogeant par exemple et publiquement, dans son journal, pourquoi les responsables de la sécurité de l'Ecole de Gendarmerie des Issers ont-ils laissé se former un attroupement de jeunes candidats devant l'entrée de l'Ecole, au lieu de les laisser entrer dans l'enceinte de l'Etablissement ? Et puisque nous en sommes dans les interrogations, pourquoi aucun journal – arabophone ou francophone – ne s'est jamais interrogé publiquement sur l'utilité réelle de ces "barrages" de police et de gendarmerie, dans et autour d'Alger. Des barrages aussi pléthoriques que contraignants pour les citoyens. Comme si l'on cherchait à pré conditionner psychologiquement la population sur le "retour du terrorisme".

La guerre des clans au pouvoir serait-elle donc entrée dans une nouvelle phase entre le clan des décideurs de l'ombre, les généraux qui ont parrainé au départ Bouteflika et le clan de Bouteflika, grossi par toute une myriade d'opportunistes ? Y aurait-il de nouvelles donnes secrètes sur la santé du Chef de l'Etat – dans un sens ou dans l'autre d'ailleurs – Voilà aussi, un autre axe d'investigation pour un vrai journaliste, M. Belhouchet, dans la mesure où votre métier est d'informer, pas de désinformer, d'aller chercher l'information, pas d'attendre d'être briefé par les manipulateurs de tel clan ou de telle coterie.

Mais c'est là un tout autre débat qui aboutira in fine à poser la seule question qui vaille d'être posée dans une Algérie endeuillée, sinistrée et pillée, aujourd'hui en quasi déshérence politique. Cette question est la suivante:

A quand le régime politique actuel, profondément discrédité – toutes composantes confondues –, finira-t-il par tirer les conclusions de son échec total et irréversible et décidera-t-il, dans un dernier sursaut d'honneur et de patriotisme, d'organiser dans ce pays, de véritables élections libres et démocratiques, pour la mise en place d'une Assemblée Constituante, authentiquement représentative de toutes les sensibilités du Peuple Algérien, seule source de légitimité et de souveraineté ?

Abdelkader DEHBI

In: http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/retour_cassandres.htm
http://abdelkader.blogs.nouvelobs.com/