Sunday, May 03, 2009

Les journaux sont subventionnés: ils ne peuvent pas être indépendants

JUDY YABLONKY, CONSULTANTE INTERNATIONALE
«Il y a trop de journaux en Algérie»

L'Expression, 03 Mai 2009

Judy Yablonky est une consultante internationale en médias. Journaliste franco-américaine, elle a assuré des stages de formation pour les journalistes algériens depuis 2001.

L’Expression: Vous connaissez suffisamment le paysage médiatique dans le monde arabe pour y avoir donné des cours de formation. Que pensez-vous de la presse algérienne?
Judy Yablonky: Malgré ses problèmes financiers et de sur compétition, malgré le manque de formation adéquate de la plupart des journalistes, et en dépit de ses écarts récents pendant l’élection présidentielle, la presse algérienne reste parmi la plus libre et la plus animée du monde arabe. Malheureusement, il y a toujours beaucoup de progrès à faire pour que la presse algérienne arrive au niveau des standards internationaux des éthiques et de la liberté de la presse.

Le nombre de plus en plus croissant des titres imprimés en Algérie est-il un avantage ou un inconvénient pour la pratique journalistique?
Il y a trop de journaux en Algérie pour le pourcentage de la population qui peut les lire. Il y a surtout trop de journaux de la presse française dans un pays de plus en plus arabophone. Cette situation crée des journaux non rentables, qui sont subventionnés, et alors, qui ne peuvent pas être indépendants.

Beaucoup d’experts de médias craignent aujourd’hui pour l’avenir de la presse écrite. Partagez-vous cet avis?
Non, pas vraiment. La presse écrite mondiale doit changer, doit accepter la nouvelle technologie et doit trouver d’autres manières d’attirer un lectorat. Mais les journaux, ou l’actualité écrite, continueront d’exister.

Avez-vous une estimation (approximative) du nombre de journaux imprimés qui sont passés à la version on line?
Partout dans le monde, les journaux ont des versions on line. Mais la question «sont-ils rentables» n’a que peu de réponse positive. Aux Etats-Unis aujourd’hui, à cause de la crise financière qui crée une crise de publicité, il y a des journaux qui impriment seulement quelques jours de la semaine et sont on line les autres jours de la semaine. Il faut attendre, voir si cette expérience aide la rentabilité et la continuité de la presse écrite.