Presse algérienne : le salaire de la trahison
Presse algérienne : le salaire de la trahison
mercredi 8 novembre 2006 par Lounis Aggoun
Ce cynisme de Bush est amplement partagé dans les sphères sécuritaires française quand tant de fléaux qu’on y « déplore » viennent des labos des services secrets algériens.
Preuve parmi foison, le commerce de drogue auquel s’adonnait Ahmed Zendjabil, chef présumé du cartel d’Oran, dont la récente « arrestation » serait passée inaperçue si L’Écho d’Oran n’avait vendu la mèche.
« Le silence qui entoure l’enquête » augure de pressions « exercées par des clans du système pour étouffer les révélations de Zendjabil », dénonce le journaliste Djamaledine Benchenouf sur Algeria-Watch, ce 8 octobre : « Cette affaire, autrement plus […] compromettante pour “les forces de l’ordre” et de très hauts dignitaires de l’État, que l’affaire Khalifa, a totalement échappé à la vigilance des journalistes d’investigation spécialisés dans l’Algérie », raille-t-il, réclamant l’identité des « généraux et [des] très nombreux officiers supérieurs [cités par Zendjabil] comme ses supérieurs et ses commanditaires ».
El-Watan réagit en citant « l’ex-chef de
Le Jeune Indépendant (17 octobre) impute ce « feuilleton de cet été » à un « déficit en communication publique [qui] a ouvert la voie à toutes sortes d’exagérations » et allume un contre-feu : « La mise à l’écart qui a touché un certain nombre d’officiers supérieurs marocains » expliquerait tout. Quant au reste, « une campagne montée [par] un groupe d’intérêts […] cherchant à revenir sur la scène publique ». Revendiquant le bénéfice de « la réconciliation nationale », Zendjabil déclare – pour sa défense – avoir « financé le terrorisme pendant des années ». Et, révèle Benchenouf, s’il « s’est rendu de son propre chef [quand il pouvait] se fondre dans la nature, c’est qu’il savait qu’un contrat avait été lancé contre lui ». Malin, il préfère le sort de Boumaârafi – l’assassin de Boudiaf a échappé à une liquidation promise en se livrant à la police – à celui de Zouabri, dont le cadavre fut exhibé en trophée par son bailleur, le général Brahim Fodhil Chérif.
L’Expression (15 octobre) renchérit en faisant de l’Algérie l’innocente victime du tabagisme passif, dont le vrai fumeur serait Mohammed 6, citant « un rapport du département d’État américain [selon lequel] 80 % du haschisch consommé en Europe provient du Royaume chérifien ». Mais l’édition du surlendemain se fait franchement menaçant : « L’affaire Zendjabil est suivie de près et est gérée par les plus hauts responsables ». Avis aux amateurs ! Mais El-Watan (30 octobre) n’en démord pas et lâche Kamal Abderrahmane, créateur des escadrons de la mort et narcotrafiquant notoire, l’arbre qui pourra cacher la forêt.
Zitouni, Zouabri, Zendjabil… Ces antihéros – susceptibles de signer leurs méfaits d’un Z qui veut dire… Zéro – ont étendu leur influence jusque dans l’Élysée et Matignon, via rue Nélaton où Smaïn Lamari, alias « l’espion français », entre dit-on sans se faire annoncer. Zendjabil gagnerait à être conté. Mais l’État français – dont Sarkozy et Bruguière sont les receleurs et les commanditaires objectifs de cette coopération morbide avec les dignitaires algériens qui introduisent en France la mort et quelque « 300 tonnes de cannabis par an » (pour ne parler que de cette seule substance, « des responsables de la police [étant aussi] impliqués dans le trafic de cocaïne », El-Watan, 28 octobre) – a peu à craindre. Il lui suffit de s’assurer que les débats abordent tout…, sauf la sécurité des Français, la vraie s’entend !
in: